Ma lecture du dernier livre de Sébastien Bohler "Striatum" m'a fait replonger dans un sujet que j'avais déjà effleuré dans mes lectures : les neurotransmetteurs, et plus précisément dans "Striatum" sur la dopamine au centre du système de la récompense très activé par cette partie ancienne de notre cerveau.
La production frénétique de la dopamine participe à des comportements humains qui sont destructeurs de notre planète et peu attentif aux êtres humains qui nous entourent.
Par contre, un autre neurotransmetteur fait bon ménage avec une bienveillance ouverte à tout ce qui nous entoure et à nous-mêmes : la sérotonine.
Si la bienveillance, en tant qu'état d'esprit et ensemble de comportements, n'agit pas directement sur la production biochimique de sérotonine dans notre cerveau, en revanche, elle influence des facteurs psychologiques et comportementaux qui, eux, ont un impact positif sur les niveaux de sérotonine. En effet, la bienveillance n'est pas un précurseur direct de la sérotonine comme c'est le cas du tryptophane, mais elle crée un environnement qui peut stimuler sa production et sa libération.
Cet article a pour objectif de considérer l'existence d'un cercle vertueux entre la bienveillance telle que je l'ai modélisée et la sérotonine. Je vais évoquer successivement le lien entre la bienveillance et la sérotonine et puis la relation inverse.
La bienveillance favorise la sérotonine
Voici quelques caractéristiques et pratiques de la bienveillance qui peuvent impacter positivement les niveaux de sérotonine :
- L'acceptation, la compassion, l'empathie, la tolérance, la tempérance, le non-jugement diminuent les risques de tension et de stress, et de ce fait la production de cortisol. Un niveau bas de cortisol permet une meilleure régulation de la sérotonine.
- Les émotions positives (notamment la joie, l'appréciation et la gratitude), la bonne humeur, l'amabilité, la gentillesse et les interactions positives avec autrui (notamment les interactions de proximité avec des personnes de confiance) facilitent la production de sérotonine. Autrement dit : si je décide d'être de bonne humeur, la production de sérotonine ainsi générée confortera ma bonne humeur.
- Les comportements altruistes ont un impact positif sur la sérotonine, aussi bien pour l'aidant que pour l'aidé, pour autant que l'aide ne soit pas imposée ou réalisée en infantilisant l'aidé.
Il y a aussi un certain nombre de comportements relatifs à l'hygiène de vie qui peuvent être considérés comme de la bienveillance à nous-mêmes, à ce qui nous constitue (dimension "Vous en moi" de mon modèle à 4 dimensions indissociables et réplicables) :
- L'exercice physique augmente le niveau de sérotonine, même s'il ne s'agit pas d'efforts intenses.
- Une exposition suffisante à la lumière du jour (voire l'utilisation de luminothérapie en hiver) aide à réguler la sérotonine, et particulièrement évite que la transformation en mélatonine épuise les réserves de sérotonine (la mélatonine est synthétisée par la sérotonine, elle-même dérivée du tryptophane)
- La production de sérotonine peut aussi être favorisée par l'alimentation, et notamment en consommant des aliments riches en tryptophane (acide aminé précurseur de la sérotonine) ; c'est le cas des noix, les graines, du fromage, des viandes maigres, des œufs et du chocolat noir.
- Relaxer le corps et l'esprit, comme par exemple par la méditation, la respiration profonde, le yoga, ... peut aussi augmenter les niveaux de sérotonine
- La qualité et la quantité de sommeil sont cruciaux pour une bonne régulation de la sérotonine.
- Une bonne gestion de notre agenda qui fait une bonne place aux interactions d'amour (conjoint, enfants, parents, amis), aux activités créatives et plus largement à des activités qui font sens pour nous. Une place également pour du vide, pour respirer.
La sérotonine favorise la bienveillance
La sérotonine joue grandement sur l'humeur, la stabilité émotionnelle et une attitude plus positive. C'est un aspect certainement capital. Un bon équilibre de la sérotonine contribue à un sentiment de sérénité, de calme, de bien-être psychologique. Autant d'éléments favorables à l'expression de la bienveillance dans les façons d'observer, de penser, de ressentir, de s'exprimer, de décider, d'agir et de réagir.
Un état qui favorise la patience et donc la pratique de l'empathie. Cela peut aussi nous extraire de la frénésie du "faire" et des urgences et nous permet de nous relier à nos aspirations profondes, à nos valeurs, à ce qui nous touche, à ce qui nous est précieux.
La sérotonine réduit aussi les risques de mauvaise humeur, de pensées et de comportements agressifs, malveillants. Elle réduit aussi l'impulsivité qui nous conduit notamment à céder facilement à des désirs dont certains s'inscrivent dans des cercles vicieux d'addiction. En effet, elle nous permet de mieux gérer les frustrations et d'utiliser notre cortex-préfrontal comme frein de notre striatum qui nous pousse aux 5 dérives suivantes : "Toute de suite - Encore - Encore plus - Sans limite - Après moi le déluge"
La sérotonine joue aussi positivement sur la confiance à la fois en nous-mêmes et dans les autres. Cela joue donc au moins sur 3 dimensions de la bienveillance : "Moi, je", "Toi et moi" et "Moi dans des Nous". Et plus largement, elle favorise le sentiment d'avoir confiance dans la vie, dans l'humanité, dans le futur. En cela, elle va fluidifier les relations, faciliter la prise en considération de toutes les parties prenantes dans nos décisions dans une approche gagnant-gagnant. Nos actes altruistes sont plus spontanés.
La cercle vertueux bienveillance - Sérotonine
Les effets positifs de la sérotonine renforcent les comportements bienveillants, qui à leur tour stimulent davantage la production et l'action de la sérotonine. Ce cycle s'auto-entretient et crée un cercle vertueux qui contribue à un bien-être global, des relations interpersonnelles plus harmonieuses et à la vitalité de nos écosystèmes d'appartenance humains et autres qu'humains.
Les bénéfices de la bienveillance et de la sérotonine se cumulent et se renforcent mutuellement. On peut alors parler d'une spirale positive. En effet, ce cercle vertueux peut être amplifié par des pratiques régulières telles que la méditation, la gratitude, l'empathie et l'exercice physique, qui nourrissent à la fois la bienveillance et la sérotonine
Ce cercle vertueux n'est pas automatique. En effet, il peut être influencé par d'autres facteurs (génétiques, environnementaux, sociaux, etc.).
Cependant, en cultivant activement la bienveillance dans les 4 dimensions indissociables, on met en place des conditions favorables à l'activation de ce cercle, à son maintien, et à son renforcement (spirale positive) contribuant ainsi à un mieux-être durable gagnant-gagnant.
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