lundi 14 avril 2025

Apprendre le B.A.-BA de la bienveillance - Partie 1

 


La bienveillance est un cheminement. Un cheminement où l'on expérimente ET aussi un cheminement où l'on répond à des besoins d'apprentissage en terme de savoir, de savoir-être et de savoir-faire.

Je vous propose dans cette première partie d'amorcer une réflexion sur pourquoi nous pouvons avoir besoin d'apprentissage en matière de bienveillance. J'indique que cet article reprend dans sa première section des éléments de réflexion que j'ai présentés dans l'article (Ré)apprendre le B.A.-BA pour plus d’humanité et de démocratie au travail sur laqvt.fr, relatif à la Qualité de Vie au Travail en 2018.


7 cas de figure de besoin d’apprentissage

Voici 7 cas de figure qui peuvent conduire à apprendre, réapprendre, désapprendre quelque chose autour de la bienveillance :

  • Je n’ai jamais appris : j’ai besoin d’apprendre ; par exemple : je n’ai jamais appris à être empathique et j’ai envie et besoin de savoir mener ce type de rapport à autrui. On m'a parlé de CNV (Communication Non Violente) et ça m'a l'air pratico-pratique.
  • J’ai (on m’a) appris une mauvaise habitude : il me faut désapprendre et apprendre une bonne habitude ; par exemple : on m’a appris dans ma jeunesse à ne jamais rien demander et à ne jamais me plaindre. Je peux apprendre à ne pas m’oublier, et à savoir exprimer mes besoins et demandes de manière bienveillante et juste pour moi. L’écosystème dans lequel je vis peut être attentif à moi, ne pas lui-même m’oublier et m’aider à ne pas m’oublier
  • On m'a appris une bonne habitude, mais pas par une méthode très adéquate. Par exemple, on m'a appris à exprimer de la gratitude, mais essentiellement en tant qu'obligation, dans le cadre de la morale ou de la politesse (le fameux "Dis merci à la dame !"). Donc, je sais remercier, mais je ne ressens aucune émotion particulière. Or, la gratitude est une émotion positive avant d'être un comportement social attendu par la société. Cela change tout d'en prendre conscience, d'en comprendre le processus, et je peux apprendre à pratiquer la gratitude comme une pratique gagnant-gagnant, aidée par exemple par un journal de gratitude (cf Journal de gratitude Agir).
  • J’ai appris puis désappris : il me faut revenir à ce que j’ai appris, éventuellement avec une piqûre de rappel ; par exemple : mes parents m’ont élevé en cultivant la valeur “confiance”. Les choses de la vie et en particulier les claques que je me suis prises dans ma vie professionnelle ou/et personnelle me font être sur mes gardes en permanence dans les sphères concernées. J’ai envie de trouver des écosystèmes où est cultivée la confiance et peu à peu la réapprendre.
  • J’ai appris instinctivement. Je ressens le besoin maintenant d’agir en m’appuyant aussi sur du rationnel. Une autre façon de le dire : compléter de l’inné par de l’acquis; par exemple : je suis né-e pour aider les autres. J’ai besoin d’apprendre à prendre soin aussi de moi et à inviter mes écosystèmes d'appartenance (travail, famille, amis, association, ...) à prendre soin de moi.
  • Je suis comme Monsieur Jourdain. Je suis bienveillant sans me dire que je suis bienveillant. Par exemple, je me considère comme gentil, prévenant, empathique, ... mais sans forcément le raccrocher à l'idée de bienveillance (dont le mot peut éventuellement être urticant pour moi). Il peut être intéressant pour moi de considérer la vision de la bienveillance portée sur ce site internet, et d'élargir cette vision en découvrant les différents aspects de modélisation.
  • J’ai besoin d’apprendre à pratiquer pour moi-même ce que je conseille ou enseigne ou affiche aux autres ; il s'agit ici du sujet de la congruence (pour ne pas être un cordonnier mal chaussé), et notamment savoir prendre soin de moi et savoir me donner le temps de prendre soin de mon entourage alors que je suis en surinvestissement sur mon activité éminemment bienveillante professionnelle ou associative.

Des formes de savoirs autour de la bienveillance

Voici une typologie de savoirs assez classique qui se conjuguent, s'entrecroisent voire s'entremêlent : 

  • savoir 
  • savoir-faire
  • savoir-être
Avant de la décliner par rapport à la bienveillance, j'indique deux domaines particuliers de savoir et savoir-faire qui me semblent importants à considérer :

  • Le savoir faire faire, qui pose l'enjeu du management bienveillant.
  • Le savoir faire savoir, qui pose l'enjeu de la promotion de la bienveillance, de la transmission de ses pratiques, de ses récits et d'une Société et de Territoires de la bienveillance.

Savoir

On peut distinguer 3 sous-types :
  • Théorique : on peut se référer aux sciences humaines, à la philosophie, à la psychologie, à la sociologie... aux études qui ont pu démontrer les effets de la bienveillance, à ses déterminants, ...
  • Procédural : il s'agit de la connaissance intellectuelle de processus, de procédures, de techniques,  .... Autrement dit, c'est savoir comment faire, sur le papier indépendamment de la pratique en situation réelle. Par exemple, le processus de la bienveillance permet de comprendre le cheminement entre l'attention portée à la situation rencontrée jusqu'au comportement et ses conséquences, avec possiblement un cercle vertueux ou un cercle vicieux.
  • Conditionnel : c'est ce qui va nous aider à prendre des décisions à un moment donné en fonction du contexte. Cela fait appel au discernement. Point important car la bienveillance n'étant pas hors sol, il s'agit toujours d'aborder la situation avec un comportement qui sera adapté, et où il pourra être important de savoir s'il faut faire preuve de tolérance ou s'il faut affirmer fermement et de manière bienveillante une opposition.

Savoir-faire

On peut distinguer 3 sous-types pour ces connaissances qui sont du champ de la pratique ("j'apprends à faire", "je sais faire") :
  • Cognitif : ce sont nos habiletés cognitives pour faire face aux situations avec bienveillance. Des habiletés qui se forment par la pratique ET par l'appréciation des impacts positifs de la bienveillance.
  • Structurel : ce sont nos habiletés à nous organiser, et notamment pour ne pas nous laisser dépasser par le manque de temps et la pression qui nous ferait zapper les moments absolument indispensables pour porter notre attention, pour prendre des décisions réfléchies en termes de bienveillance et poser des actes bienveillants, et avec probablement besoin de faire preuve de patience.
  • Technique : ce sont nos habiletés à utiliser avec fluidité des méthodes, des outils, des techniques, des procédures qui portent intrinsèquement de la bienveillance. Un savoir-faire qui doit se conjuguer avec le savoir-être pour garantir que la bienveillance se cantonne à une dimension technique désincarnée, distante où l'humanité serait absente.

    Savoir-être

    Le savoir-être comprend les attitudes, les valeurs, les sentiments, les capacités à se relier et peut se décomposer ainsi :
    • Intrapersonnel : cela concerne notre capacité à nous relier à nous-mêmes, à nos aspirations les plus profondes, à nos émotions, à nos sensations. C'est ce qui nous permet de faire de la bienveillance une motivation intrinsèque et non une obligation imposée par notre entourage ou un ou plusieurs de nos écosystèmes d'appartenance. C'est aussi cette dimension qui nous fait intégrer la bienveillance à nous-mêmes, de manière indissociable avec la bienveillance tournée vers l'extérieur.
    • Interpersonnel : cela concerne notre capacité à être bienveillant dans nos relations avec autrui, quelle que soit la sphère de vie concernée, et quel que soit le niveau de proximité, et de manière adaptative. Ce niveau mérite d'être étroitement relié avec le niveau précédent. Une capacité importante pour ce niveau : l'empathie.
    • Sociétal : cela concerne notre capacité à participer à tous nos écosystèmes d'appartenance avec bienveillance, de porter un regard bienveillant à ceux auxquels on n'appartient pas et à prendre soin le cas échéant.

    Le B.A.-BA sur la spirale positive de la bienveillance

    On peut apprendre à être plus bienveillant, à cheminer vers plus de bienveillance par de l'apprentissage et de l'expérimentation. On peut le faire seul-e, accompagné-e, à plusieurs, au sein d'un collectif d'appartenance, au sein d'un groupe/cercle dédié à la bienveillance.

    On peut aussi apprendre sur comment la bienveillance peut faire contagion, quels territoires investiguer et en quoi on peut contribuer au développement d'une Société et des Territoires de la bienveillance.

    Il est important de comprendre et d'apprendre qu'aucun de nos comportements bienveillants est anodin : chacun peut inspirer d'autres personnes qui sont bénéficiaires de notre bienveillance ou observatrices de notre façon de nous comporter avec autrui et envers le vivant et la planète.

    Je renvoie sur la page dédiée à la spirale positive de la bienveillance.

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