Beaucoup de tensions relèvent d'une inadéquation entre les objectifs et les moyens. Ce type de tension traverse toutes les sphères de vie et pas seulement la vie professionnelle.
Pour prévenir ce type de tension, il faut apprendre individuellement et collectivement à poser des objectifs qui sont réalistes, selon l'expression "se fixer les moyens de ses ambitions". Dès lors que l'alignement n'est pas là, cela fait prendre le risque de ce que j'appelle "le boulet qui fait boule de neige". Je m'explique avec un exemple générique :
Je prévois de faire une action qui doit produire le résultat R pour la date T. A mi-parcours, je constate que j'ai largement sous-estimé ma disponibilité ou le niveau de travail nécessaire. Mais, ce n'est pas grave, je me dis que je vais pouvoir rattraper le retard. Même si je manifeste cet optimisme (qui peut s'avérer flirter avec la méthode Coué)), j'ai une tension ; peut-être depuis un bon moment. Tension je traîne comme un boulet. Au fur et à mesure du temps, elle va prendre de l'ampleur comme une boule de neige qui dévale une pente. Et peut-être qu'à quelques jours de la date T, je vais devoir acter que je ne vais pas pouvoir honorer l'objectif. Avec un double impact négatif : le sentiment d'échec et le boulet boule de neige que j'aurais traîné pendant un bon moment. Voilà un bel enjeu pour la gestion des tensions : éliminer des boulets et des sentiments d'échec trop cuisants.
Au moment de fixer les objectifs initiaux, et chaque fois que l'on fait un examen de situation, on peut se donner du temps pour essayer de réduire l'écart par une méthode à la fois radicalement simple et souvent compliquée psychologiquement ou/et contextuellement : réduire les objectifs (faire moins ou reculer les délais) et/ou augmenter les moyens.
J'ai pu constater l'efficacité de cette méthode basique dans mes différentes sphères de vie. En interrogeant vraiment les objections spontanées ("on ne peut pas", "ça n'est pas possible", "on ne peut pas se le permettre", ...), cela ouvre des voies de résolution, notamment par l'intelligence collective et déjà tout simplement en exposant les tensions à autrui (selon le principe qu'on est jamais meilleur conseilleur que pour les autres, et donc, réciproquement, allons demander conseil à autrui).
Elle appelle :
- à la lucidité, et en particulier pour évaluer déjà si l'objectif et les moyens est à notre portée. C'est ce que j'ai expliqué dans l'article Agir dans le sens de ce qui est à notre portée. L'objectif est-il à ma portée ? Sinon, en remontant au niveau du collectif d'appartenance, est-il à sa portée ? Ou alors, est-il hors de portée (peut-être pour le moment, et à reconsidérer plus tard) ?
- à la co-construction des prises de décision, et en particulier pour éviter une déconnexion entre les personnes (ou collectifs) qui prennent les décisions - possiblement inconscientes des réalités du terrain - et les personnes (et collectifs) qui font ou sont concernées par la décision.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire