L'humanité, notre propre humanité à chacun·e de nous, et la planète souffrent d'un sentiment de toute-puissance répandu dans quelques sphères humaines qui font la pluie et le beau temps ; et à force de l'omniprésence et de la domination de ce sentiment, ces sphères font et nous font faire les tempêtes et la sécheresse aussi bien au niveau climatique que dans nos âmes.
Il est temps de faire place à une humilité qui rime et se conjugue avec lucidité pour prendre conscience de l'extrême urgence à reconsidérer la place de l'humain dans les écosystèmes. Une place, certes singulière, où les capacités d'intelligence seront mises au service du vivant, conjuguant harmonieusement sentiment d'appartenance et de responsabilité envers la planète, et sentiment de singularité à détenir des clés pour préserver et réparer ce qui peut l'être (et qui a été détruit par notre humanité récente).
Certains sont déjà dans une transition vers cette nouvelle humanité, d'autres sont dans l'impuissance et encore d'autres la combattent bec et ongles pour conserver leurs avantages, souvent indécents, qu'ils trouvent dans la société largement libérale dans laquelle ils nagent comme des piranhas dans l 'eau. Chacun son point de départ, chacun plus ou moins avancé sur un chemin qui se grimpe marche par marche (conscience des symptômes, conscience des problèmes, conscience des solutions, intention, action, maintien de l'action). Un chemin commun où chacun doit faire sa part de ce chemin commun et tracer son chemin personnel qui le relie à sa propre nature, ses aspirations les plus profondes et sa spiritualité. Une humanité dans laquelle chacun pourra se sentir à l'aise pour la co-construire et trouver sa place en reliant explicitement à ses aspirations et en y étant respecté et reconnu du fait de son humanité singulière et de sa contribution.
Une grande partie de l'énergie nécessaire pour parcourir le chemin est fournie par notre capacité à l'appréciation : apprécier ce que la nature nous donne ou que nous lui prenons sans y penser, apprécier l'interdépendance, apprécier les actes gratuits à notre attention, apprécier toutes les pépites qui jonchent le chemin et qui méritent qu'on s'y arrête, en nous nous donnant du temps individuellement et collectivement. Apprécier tous les bienfaits de progresser sur le chemin, notamment parce qu'on le parcourt à plusieurs et que ça stimule et aide grandement. Une appréciation qui ouvre une voie royale à la gratitude vue à la fois comme une émotion positive pour soi et comme une source à remercier autrui et la vie. Car en effet, appréciation et gratitude entraînent la joie de vivre, même si tout n'est pas rose.
Parce que rose n'est pas la couleur de la nature, avec ces deux lois qui cohabitent : compétition et coopération. Nous, les humains, avons tellement poussé l'exercice et la pratique en terme de compétition, avec tous les désastres qui amènent à cette situation d'urgence tout azimut. Il est maintenant temps d'investir largement la coopération ouverte et l'intercoopération avec la même détermination que pour la compétition, mais avec plus d'humilité, de bienveillance, de confiance, ... Une coopération fondée sur le naturel : le bon sens, les solutions fondées sur la nature, la transparence, la spontanéité et sur notre vraie nature d'humain empreint d'humanité.
Des coopérations qui devront partir de constats par rapport à la société actuelle. Pour établir ces constats lucides sans esprit de revanche ni de chasse aux sorcières - parce que la bienveillance est aussi dans le "comment" -, il faudra utiliser nos capacités de discernement et de conjonction de l'indignation (face aux inégalités faisant la pauvreté, à l'exploitation, la violence - les atrocités, mais aussi la violence du quotidien-, ...) et de la tolérance (altérité, diversité, respect, empathie). Indignation/tolérance constituant un des équilibres à travailler au même titre que responsabilité/liberté, singularité/appartenance, réflexion/action, rationalité/intuition, individuel/collectif, intérieur/extérieur, privé/public, local/global, en favorisant le ET et en ne tombant pas dans le piège du grand méchant OU.
Alors, contribuons sans attendre à une Société de la Bienveillance en investissant la bienveillance dans nos différents territoires de vie, en articulant la responsabilité individuelle et les responsabilités collectives. Et considérons les contextes difficiles (notamment la pandémie) comme des opportunités, des raisons supplémentaires pour le faire.
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