La bienveillance mérite de ne pas être conçue de manière étroite, voire étriquée, focalisée sur soi-même.
Un autre risque est aussi de confondre (se) faire du bien et (se) faire plaisir (cf mon article sur lesverbesdubonheur.fr Attention, plaisir - Le dessous des cartes : tu vas halluciner !)
J'ai proposé une conception de la bienveillance autour de 4 dimensions indissociables et réplicables :
Une bienveillance centrée sur soi-même fait fi des deux dimensions :
- Toi et Moi : quand on ne porte pas attention et soin à autrui, humain ou autre qu'humains ; quelques fois la bienveillance à autrui est partielle : sélective, limitée à quelques personnes (par exemple les proches)
- Moi dans des Nous : quand on ne considère pas et on ne contribue pas à nos écosystèmes d'appartenance : famille, voisinage, commune, ... jusqu'aux niveaux les plus larges : membre de l'humanité, membre du vivant, membre de l'univers.
La prise en compte de ces deux dimensions nait de la conscience de l'interdépendance dans le monde que nous vivons avec les autres humains et le vivant en général (autres qu'humains). Une évidence, une réalité, une vérité masquées souvent par un orgueil mal placé à la sauce "je me suis fait tout seul, je n'ai besoin de personne, je n'ai jamais rien demandé à personne" ou à une vision très superficielle de la vie.
Il est même possible qu'une ou les deux autres dimensions internes manquent à appel, notamment quand il y a confusion entre "bien" et "plaisir", entre motivations intrinsèques (aspirations profondes) et motivations extrinsèques (argent, pouvoir, regard des autres, ...) :
- Moi, Je : quand les aspirations les plus profondes ne sont pas investies, enfouies sous les pulsions, les motivations de pouvoir, de biens matériels et de plaisir
- Vous en Moi, quand le corps et le mental souffrent de comportements addictifs néfastes pour la santé (alcool, stupéfiants, dépendance numérique, manque de sommeil, sédentarité, ...)
L'interdépendance couplée à l'attention constitue la source d'une émotion positive qui cultive les relations et renforce la bienveillance dans un cercle vertueux : la gratitude. Plus nous prenons conscience de l'interdépendance, plus nous remercions la nature et les autres humains pour ce qu'ils nous donnent, plus on a l'élan de leur porter attention et soin.
Face à l'emballement climatique, à la destruction massive de la biodiversité, à la pollution, à la crise énergétique, à la pauvreté grandissante, aux risques de guerre, aux risques de nouvelles pandémies, aux risques de prise de pouvoir autocratique, ... la bienveillance sur les 4 dimensions évoquées précédemment pourrait être une approche vertueuse et pertinente pour prendre en compte tous ces enjeux. Pour le bien de notre planète et de tous ses habitants, humains et autres qu'humains.